Au début de l’année 1973, un événement très important se prépare.
En effet, depuis la fin de l’année 1969, se tramait doucement le projet d’un film, qui, tiré du livre, s’appellerait aussi : PAPILLON.
Dès la fin 1969, les milieux cinématographiques s’étaient intéressés de près au succès phénoménal du livre. Plusieurs producteurs français et quelques dirigeants d’importantes compagnies américaines s’étaient alors mis sur les rangs. Afin d’obtenir une diffusion mondiale, Robert Laffont avait décidé que le tournage du film se ferait en anglais.
Une société d’Outre-Atlantique, celle de Walter Reade, a obtenu les droits d’adaptation.
Pour diverses raisons, cette dernière ne donna pas suite au projet.
En avril 1970, le producteur français Robert Dorfmann reprend possession des droits d’adaptation auprès de Walter Reade. Il choisit comme réalisateur Franklin J Schaffer qui vient d’obtenir un succès très important aux Etats-Unis avec « Patton », lui permettant d’obtenir l’oscar du meilleur film. Deux scénaristes sont alors engagés : Lorenzo Semple Jr qui, ayant servi pendant la guerre dans les Forces Françaises Libres, parle couramment le français et Dalton Trumbo, indispensable par son talent à la finition du script.
Des discussions s’engagent entre Robert Laffont, Robert Dorfmann et Henri Charrière pour décider de l’acteur qui jouera Papillon. Sur le plan familial aussi, de nombreuses discussions ont lieu et chacun donne son avis. Clothilde, la fille de Rita, souhaiterait que ce soit Jean-Paul Belmondo. Henri, lui, choisirait Alain Delon.
Un consensus se fait finalement sur le nom de Steve Mc Queen.
Contactée, la vedette américaine donne son accord avec enthousiasme.
Petit à petit, le scénario prend corps tandis que l’équipe technique se constitue.
Schaffner obtient que le chef opérateur soit celui qui dirigea la photo de deux de ses films précédents, « la planète des singes » et « Patton » : Fred Koenekamp, titulaire de deux oscars de la meilleure photographie. Le chef décorateur sera Anthony Masters, également titulaire de deux oscars.
A ce moment-là, le nom de Dustin Hoffman est avancé pour participer au film.
Afin de lui donner un rôle à la hauteur de sa réputation, et en accord avec Steve Mc Queen, il interprètera le personnage de Louis Dega, le malheureux compagnon de Papillon.
Quant à la musique, Schaffner obtient la collaboration d’un musicien avec lequel il a souvent travaillé, Jerry Goldsmith, cinq fois cité pour les oscars. Celui-ci, après vision du premier montage, s’inspire largement de la musique populaire du Paris des années 1930.
Distribution :
Steve Mc Quenn : Papillon.
Dustin Hoffman : Louis Dega.
Victor Jory : le chef indien.
Don Gordon : Julot.
Anthony Zerbe : Toussaint.
Robert Deman : Maturette.
Woodrow Parfrey : Clusiot.
Bill Mumy : Lariot.
Georges Coulouris : le docteur Chatal.
Ratna Assan : Zoraima.
William Smithers : Barrot.
Val Avery : Pascal.
Grégory Sierra : Antonio.
Victor Tayback : le sergent.
Ron Soble : Santini.
Dalton Trumbo : le commandant français.
Fiche technique :
Titre : Papillon
Réalisation : Franklin J. Schaffner
Scénario : Dalton Trumbo et Lorenzo Semple Jr
Production : Franklin J. Schaffner et Robert Dorfmann
Société de production : Twentieth Century Fox
Musique : Jerry Goldsmith
Photographie : Fred Koenekamp
Montage : Robert Swink
Coordination Cascades : Pierre Gare
Pays d’origine : France
Format : Couleurs
Genre : Aventure
Durée : 145 minutes
Date de sortie : 1973
L’état de délabrement des bagnes de Guyane ne permet pas d’y réaliser le film.
Il est donc reconstruit en Jamaïque un pénitencier similaire à celui de Saint-Laurent-du-Maroni. Le 23 février 1973, le scénario prêt, les décors terminés, toute l’équipe cinématographique est à pied d’œuvre pour commencer le tournage.
Le calendrier est serré, la réalisation du film ne doit pas durer plus de quatre mois.
A la Jamaïque, Schaffner installe ses caméras successivement dans trente-sept lieux de tournage. Les Jamaïcains voient circuler camions de son et de machinerie, hélicoptères, avions légers qui parcourent l’île en tous sens pour les besoins du film. Assez vite, le problème de la figuration se pose, car cette île des Antilles n’est peuplée que de Noirs, ce qui ne correspond pas à la population des bagnes de Guyane.
Ils appellent donc les membres d’une importante colonie allemande, transportée par air pour les besoins du tournage.
Engagé une fortune comme consultant, H. Charrière se rend sur place plusieurs semaines pour suivre l’évolution du film, mais aussi pour s’assurer de la conformité et de la fidélité de celui-ci par rapport à son livre.
Il s’installe à Montégo Bay, dans cette ville qui possède un studio parfaitement équipé et qui permet de réaliser toutes les scènes d’intérieur et de procéder déjà à un premier montage du film. Il suit les scènes de tournage, donne son avis, et agace parfois Steve Mc Queen par ses remarques désobligeantes.
La première a eu lieu dès l’arrivée de Papillon sur les lieux du tournage.
Steeve Mc Queen était grimé en vieux bagnard : cheveux blanc, édenté, l’air épuisé, etc.
Henri s’approche et lui dit :
« Dis donc, avec ton déguisement, j’ai déjà l’impression d’être ton fils. Alors imagine, ça s’est passé il y a 25 ans, j’avais 35 ans, je serai donc ton petit fils !
File te changer va. »
L’acteur américain, pourtant, fait le maximum. Fatigué par des efforts physiques intenses, dévoré par les moustiques, enlisé dans des marais malsains, il s’énerve des réflexions d’Henri qui le traite parfois de « gonzesse » lorsqu’il n’en peut plus.
Il sait bien qu’il souffre moins qu’avait souffert Papillon, mais il n’est qu’acteur de cinéma,
il n’a quand même pas été condamné au bagne ! Il joue pourtant bien son rôle puisqu’il est un jour assommé, l’épaule démise par des coups trop violents de nerfs de bœufs !
A la fin du tournage, épuisé et endurci, les traits tirés, il ressemble enfin à un vrai bagnard.
C’est seulement à ce moment-là qu’Henri lui dira :
« Mon petit, tu es un vrai mec ! »

H.Charrière et Steeve Mc Queen sur les lieux du tournage en Jamaique.

H.Charrière sur les lieux du tournage en Jamaique.
S’il ne doute pas du succès commercial du film, il n’est cependant qu’à moitié satisfait. Il a beau être là pour conseiller les acteurs, souvent, il ne se retrouve pas dans le personnage. Il était à la fois plus viril et plus réfléchi, plus fort et plus jovial. Son caractère intrépide, sa volonté de survivre, sa ténacité face à l’adversité ne transparaît pas dans les images. Il pense aussi qu’on insiste trop sur les aventures, et pas assez sur l’homme qu’il était.
Que le film ne fait que du « Papillon » alors qu’il aurait souhaité un peu plus d’H. Charrière…
S’il reconnaît que ce film est réussi pour le grand public, il regrette qu’il n’ait pu dresser de lui un portrait plus juste et plus fidèle.
Avec des moyens financiers énormes, plus de trente millions de francs, une logistique impeccable, le réalisateur arrive non seulement à surmonter toutes les difficultés, mais aussi à respecter les délais prévus. Le film doit d’abord passer en avant- première à New York le 30 juillet avant un parcours national et international dès l’hiver.
Papillon sera bien sûr l’invité d’honneur de cette cérémonie.
Mais le destin en décidera autrement….H. Charrière, hélas, n’assistera pas à cette représentation. Il décèdera à Madrid la veille de la sortie du film, le 29 juillet 1973.

Présentation du film Papillon.