1971 est aussi l’année des essais cinématographiques d’Henri Charrière.
Encouragé par certains, il se lance dans l’aventure.
Il écrit le scénario et joue le rôle principal d’un film « Popsy Pop », l’histoire d’un vieux truand appelé Marcou fou amoureux d’une belle strip- teaseuse. Afin de terminer sa carrière en beauté, il organise le plus fabuleux hold – up de sa vie, le vol de diamants d’une grosse compagnie, enfermés dans le coffre d’un petit village aux confins du Venezuela : Vista Alegre.
Ce film d’aventures tourné dans la jungle vénézuélienne est réalisé par Jean Herman,
( « Adieu l’Ami », « Jef » ), avec pour rôles principaux H. Charrière, Stanley Baker, Georges Aminel, et la splendide Claudia Cardinale.
Henri s’enthousiasme par cette nouvelle aventure dont il est le héros. Il évolue dans un milieu qu’il aime et qu’il connaît parfaitement, celui de l’ambiance chaude et virile des villages miniers et des « boxons » de la jungle d’Amérique du sud.
Il est dans son élément et il lui suffit d’être naturel pour jouer la comédie.
Il est particulièrement ravi d’être entouré de Claudia Cardinale, qu’il apprend à connaître et qu’il apprécie pleinement, autant pour ses qualités d’actrice que pour sa plastique…

De gauche à droite : Rita Ben Simon, H. Charrière, Claudia Cardinale.

H. Charrière et Claudia Cardinale.
« La Cardinale, c’est un homme. Professionnellement, elle a l’endurance d’un mec.
Dans la scène finale où elle se cavale, elle s’est ouvert la plante des pieds sur les pierres sans broncher. Elle a subi une scène vaudou qui n’était pas bidon. Les gars étaient chargés au rhum, des chevreaux ont été vraiment sacrifiés pour l’asperger de sang…Elle a tout supporté en disant simplement à Herman :
« Ne fais pas trop de prises parce qu’ils me piétinent et je ne sais pas jusqu’où ils vont aller. »
La Cardinale, c’est aussi une femme, vise le gabarit. Elle m’a épaté dans la scène du boui- boui. De la tôle ondulée chauffée à blanc par les projos. A l’intérieur, quatre- vingt bonshommes en délire et elle au milieu chantant « Popsy pop » de sa voix rauque à faire hérisser le poil, dans une robe en paillettes et fourrure pesant vingt kilos et la climatisation qui est tombée en panne… ! Son personnage de Popsy, c’est le genre de fille qui débarque dans cet enfer des mineurs avec ses trucs de bonne femme et son premier geste dans l’hôtel minable, c’est de prendre son bain de mousse dans un baquet comme une princesse de palace.
Cette scène-là, il a fallu du temps.
Parce que la Cardinale, c’est aussi une star.
Il ne faut pas qu’un cil manque. La bouclette qu’a l’air de se faire la malle, elle est dégringolée artistiquement dans le cou par un maître du peigne.
Dans le film, je suis le vieil amant. Je la sors du bain et je lui essuie les reins.
Mais la Cardinale, elle est pudique. Avec ou sans mousse, pour voir autre chose que ce qu’elle veut bien montrer, même à un œil en vrille comme le mien…Des filles qui montrent leurs seins comme un passeport j’en ai vu, mais la Cardinale ne se laisse pas estampiller. »

H. Charrière sur le tournage du film Popsy-Pop.
Pour la première à Paris, juste avant la représentation, vers 20 heures 30, un appel téléphonique anonyme assure au cinéma « Mercury » qu’un engin explosif est caché sous une banquette. La salle est déjà pleine à craquer, avec de nombreuses personnalités de la chanson et du cinéma dont Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, Mme Soekarno, François Reichenbach…
Après l’arrivée de deux cars de police pour contrôler rapidement la salle, des discussions entre les autorités et Henri, décontracté et vêtu très élégamment d’un costume noir et d’une écharpe de soie blanche, son petit chapeau sport à carreaux sur la tête, il est finalement décidé de ne pas évacuer le cinéma et de commencer la projection.
A la sortie, Henri est félicité par ses proches.
Il ne le sera que par ses amis, car la critique est unanimement mauvaise.
Les spectateurs s’accordent à reconnaître que le scénario est très moyen et qu’Henri s’avère meilleur écrivain que comédien. Ce film est un échec et il est très vite considéré comme un « navet ». Son seul intérêt réside, pour les inconditionnels, dans le fait de voir jouer ensemble Henri Charrière et Claudia Cardinale.
Certes, Henri est déçu, mais il ne regrette pas cette nouvelle expérience.
Il en a été la vedette, il a joué de tout son charme auprès d’une magnifique actrice,
il s’est bien amusé !