EPILOGUE

 

          Quelques mois plus tard, se sentant trop seule dans l’immense demeure andalouse, Rita la vend pour s’installer définitivement près de sa famille à Toulon. Quand on a partagé, comme elle, pendant tant d’années, le quotidien d’un homme si fantasque et si attachant, quand on a vécu avec lui tant de projets, de réussites et d’échecs, quand on a été reconnue par tous comme l’épouse d’un homme d’exception qui ne cesse de clamer qu’il ne doit sa réinsertion que grâce à l’amour de sa compagne, la vie n’a d’un coup plus de sens.

Rita devant la maison de Fuengirola.

          Installée dans un appartement modeste, qu’elle transforme petit à petit en véritable musée dédié à la mémoire d’Henri, elle va petit à petit mener la vie d’une veuve tranquille, tournée vers son passé et ses souvenirs. Rita ne vit désormais plus que pour sa famille et ses seules activités sociales se  déroulent dans le cadre de la WISO de Toulon : « Women International Zionist Organisation ». Donatrice généreuse et réputée, elle est très estimée par cette association humanitaire.
Même si les liens n’ont jamais été très fusionnels avec sa fille restée au Venezuela, elle la reçoit chaque année à Toulon. Clotilde, d’un tempérament très réservé, travaille dorénavant dans une grande librairie de Caracas. Elle aussi souffre en silence de la mort d’Henri, celui dont elle s’était sentie si proche, qui avait le don de la faire rire et dont elle avait suivi de près l’incroyable métamorphose littéraire.
Les premières années, Rita fait souvent le voyage à Lanas.
La visite est toujours aussi douloureuse, la peine immense.
Seule face à la tombe silencieuse, elle prie et se repose, parle un peu à son ancien compagnon, avant de faire le tour du cimetière, avant de repartir. Et les années passent, lentement, de plus en plus sereinement, jusqu’à la mort de sa fille en 1986 qui décède d’une leucémie foudroyante. Rita effectue cette année-là son dernier voyage à Caracas. Mais comme un pèlerinage ou un chapelet dont on ne cesse d’égrener les perles noires, Rita fera encore et toujours d’autres voyages, à Lanas bien sûr, jusqu’à la fin de sa vie. A 79 ans, après 16 ans de solitude et une vie particulièrement bien remplie, elle décède à son tour d’un cancer le 21 août 1989. Puisqu’elle a tant donné pour Israël, elle est rapatriée dans ce pays, et enterrée dans un quartier réservé aux personnalités d’un cimetière de Jérusalem.

          Depuis 1969,  PAPILLON  continue à se vendre, encore et toujours.
De records en records, il va finir par se vendre à plus de 13 millions d’exemplaires dans le monde, être traduit dans plus de 15 langues. Il rejoint ainsi les livres les plus vendus en France au cours du vingtième siècle, passe du statut de best-seller à celui d’un phénomène de l’édition française, devient  au fil du temps l’un des classiques de la littérature populaire contemporaine.

 

Rita dans son appartement de Caracas.

Rita dans son appartement de Caracas.

Portrait de Rita.

Portrait de Rita.

          Le film aussi a tenu ses promesses.

          C’est la première fois qu’un producteur indépendant français, Robert Dorfmann, réalise une production de cette envergure sans l’aide d’une compagnie américaine. Après des résultats exceptionnels aux Etats-Unis, il fera le tour du monde et restera comme un des plus grands succès de l’histoire cinématographique.

          Les polémiques commencées quelques mois après la sortie du livre sur la vie et l’œuvre d’H. Charrière, s’estompent progressivement avec sa mort, sans jamais cesser pour autant. Il y a toujours aujourd’hui, en France et par le monde, des inconditionnels et des anti-Papillon. Ceux qui croient en ses histoires et qui l’admirent, ceux qui n’y croient pas et qui le ridiculisent.

          Comme si les choses étaient aussi simples…

          C’est la raison pour laquelle je présente depuis plus de dix ans une autre approche du personnage. Une approche globale, objective et  approfondie, tant sur son parcours que sur celui de sa personnalité, et qui permet enfin de comprendre cet homme à la fois complexe, fantasque et attachant. Je suis convaincu que mon étude permet de dessiner aujourd’hui un portrait beaucoup plus juste et plus authentique d’H. Charrière que celui peint de façon grossière par la plupart des médias depuis plus de 40 ans.

          Puisse ce site vous permettre de le découvrir et de vous l’approprier.